18.

La mort en rouge

L’Alliance des Trois navigua sur la mer Sèche toute la nuit, Tobias aux commandes, Matt obéissant à ses directives pour aller tirer sur tel ou tel cordage afin de ramener certaines voiles au fil des vents. Finalement, le pilotage s’avérait moins insurmontable que prévu.

Ambre s’était endormie dans la grande cabine.

L’est se mit à blanchir lentement.

— Tu crois que Ambre nous en veut vraiment ? demanda Tobias.

— Probablement.

— C’est vrai qu’on a été idiots sur ce coup.

— Je ne regrette pas, avoua Matt, déterminé. Les Kloropanphylles sont mystérieux, ils cultivent le secret : le conseil des Femmes est masqué, leur histoire, leurs origines sont taboues, je sentais qu’ils ne nous disaient pas tout, regarde, ils savaient pour la Reine des Cyniks !

— Faut les comprendre, les seuls Pans qu’ils ont croisés ont essayé de les attaquer !

Matt haussa les épaules.

— Je reconnais que j’ai été un peu impatient et paranoïaque, dit-il après avoir pris le temps de trouver les mots justes.

Tobias savoura le vent frais qui lui caressait les cheveux. Cela faisait plusieurs mois qu’il ne les avait coupés et ils prenaient peu à peu la forme et le volume d’un casque arrondi.

— C’est quoi le plan maintenant ? demanda-t-il.

— Trouver des Cyniks, et s’il est impossible de les aborder sans que cela se transforme en guerre, alors les suivre pour voir ce qu’ils font de tous les Pans qu’ils enlèvent. Au final je suis certain qu’on parviendra à en savoir plus sur cette Malronce et ses ambitions. Et puis sur l’avis de recherche qui me concerne.

Voyant que Matt était préoccupé, Tobias lui tapota l’épaule. Comme il lui semblait qu’un bon ami devait faire dans ces circonstances.

Ils demeurèrent silencieux pendant l’aurore, la fatigue commençait à peser sur leurs paupières, leurs membres ankylosés, leur esprit embrumé. Ils maintenaient le cap et avançaient à bonne vitesse au-dessus de la cime, l’imposant gouvernail fait de bois et de morceaux d’acier récupérés était leur seul contact avec la forêt, laissant une piste de branchages cassés dans leur sillage. Matt tendit la main dans sa direction :

— Je n’avais pas pensé à ça ! pesta-t-il. Ils vont pouvoir nous suivre facilement !

— Tu crois qu’ils vont vraiment chercher à le faire ?

— Le contraire m’étonnerait.

Ambre se leva en milieu de matinée, toute fraîche et souriante.

— Si vous m’expliquez comment ça marche je vais vous remplacer pour que vous preniez un peu de repos.

Tobias ne se fit pas prier, il lui apprit à suivre le cap en jouant à la fois sur le gouvernail et la voilure, et insista pour qu’elle s’assure régulièrement que les Souffleurs disposaient de feuillage pour maintenir l’air chaud dans les ballons. Après quoi il fonça dans la cabine en bâillant. Matt resta aux côtés de l’adolescente. Il l’observait pendant qu’elle barrait.

Elle était très jolie ainsi assise dans la lumière de midi. Le soleil ciselait ses taches de rousseur.

— Je voudrais m’excuser, dit-il après plusieurs minutes d’hésitation. Tu as raison, nous devons t’écouter davantage.

Ambre ne répondit pas.

Agacé, Matt la relança :

— Je t’ai dit que j’étais désolé !

— J’ai bien entendu, et j’en suis très contente, mais il faut que cela nous serve de leçon. Un jour il se pourrait bien que nous n’ayons pas de seconde chance.

Ce qu’elle pouvait parfois l’énerver ! Il faisait l’effort de reconnaître ses torts et plutôt que de l’en féliciter, elle s’en servait pour lui faire la morale ! Il allait s’éloigner lorsqu’elle ajouta :

— C’est intelligent de ta part de te remettre en question. Je ne l’ai pas vraiment pensé cette nuit, quand j’ai dit que je regrettais d’être venue.

— Je sais. Allez, on fait la paix ! plaisanta Matt en lui tendant la main.

Elle se fendit d’un sourire et serra la main tendue. Un peu plus longtemps que nécessaire. Ils se regardaient. Le contact était agréable.

Puis Ambre lâcha la main de Matt. Il s’assura qu’elle ne manquait de rien puis alla se coucher à son tour.

Ils se retrouvèrent en milieu d’après-midi, Ambre était toujours aux commandes. Matt se servit d’un grand filet au bout d’une perche pour reconstituer les réserves des Souffleurs, et ramassa de grandes quantités de feuillages qu’il fit tomber dans la cale par l’écoutille ouverte. Ils mangèrent en fin de journée et la nuit tomba rapidement.

Pendant la soirée, qu’ils passèrent tous les trois à l’arrière, près du gouvernail, Ambre remarqua une source lumineuse au loin, vers le nord.

— Tu as tes jumelles ? demanda-t-elle à Tobias.

Celui-ci les attrapa dans son sac à dos et les lui tendit.

— C’est bien ce qu’il me semblait, dit-elle après avoir sondé l’horizon. Un bateau nous suit. Et il est très grand.

— Le Vaisseau-Matrice, firent en chœur Tobias et Matt.

— S’ils nous rattrapent, on n’a aucune chance face à leurs arbalitres ! ajouta Tobias.

— Ils chercheront à nous aborder, corrigea Matt, ce qu’ils veulent, c’est récupérer leur navire. En revanche, je ne serai pas étonné qu’ils nous passent par-dessus bord si nous sommes capturés, après tout ce qu’on leur a fait… Toby, tu as un moyen d’aller plus vite ?

Le garçon secoua la tête.

— On est déjà au maximum.

Ambre désigna le cube de substance molle qui les éclairait au milieu de la dunette.

— Si on peut les voir, alors ils en font autant, peut-être devrions-nous l’éteindre, vous ne croyez pas ?

— Il faut pouvoir garder le cap au sud, rappela Matt. De toute façon, notre gouvernail laisse un sillon derrière nous, ils n’ont aucune difficulté à nous suivre. Non, notre seule chance c’est d’arriver au bord de la mer Sèche rapidement. Si nous le pouvons, nous laisserons le navire pour qu’ils puissent le récupérer et nous rejoindrons la terre ferme.

Durant la nuit, ils se remplacèrent au poste de pilotage.

Au petit matin, l’ombre du Vaisseau-Matrice se découpait sur le paysage, plus près que jamais. À ce rythme-là, l’Alliance des Trois serait abordée avant la prochaine nuit.

Toute la journée, ils guettèrent la silhouette imposante qui gagnait lentement du terrain. Au crépuscule, le navire amiral de la flotte Kloropanphylle se tenait à cinq cents mètres. Matt pouvait distinguer les têtes se pencher par-dessus le bastingage pour les observer.

Devant eux, la mer Sèche semblait se poursuivre à l’infini.

Il fallait trouver une solution miraculeuse s’ils voulaient espérer s’en sortir.

— Tobias, fit Matt, à ton avis, si on nourrit les Souffleurs sans arrêt, des quantités toujours plus grandes de feuillages, est-ce que le bateau va prendre de l’altitude ? A-t-on une chance de pouvoir passer au-dessus du Vaisseau-Matrice ?

— Non, on est déjà presque au maximum, le volume des ballons est calculé selon le poids qu’ils doivent soulever, ils sont déjà saturés d’air chaud, on ne pourra pas faire plus. À moins de perdre beaucoup de poids…

Matt se précipita dans les cales pour estimer ce qu’ils pouvaient jeter et revint, déçu.

— Faut trouver une autre idée. Et vite !

Avant même qu’ils puissent faire une proposition, une imposante lumière rouge surgit des profondeurs de la mer Sèche.

La forêt s’agita sur plusieurs hectares, et le clignotement rouge s’intensifia.

— Un Requiem rouge ! hurla Ambre.

— Oh, non ! fit Tobias en serrant le gouvernail.

Aussitôt, de gigantesques tentacules jaillirent de la végétation en arrachant des branches au passage, ils tournoyèrent dans les airs, à vingt mètres de hauteur, projetant une lumière rouge palpitante.

Tout le monde à bord retint son souffle, attendant de voir ce qu’allait faire la créature réputée pour être ce qu’il y avait de pire dans toute la Forêt Aveugle. Le clignotement rouge était si rapide qu’il ne laissait aucun doute sur l’état d’excitation qui l’animait : elle chassait. Les tentacules projetaient la végétation dans tous les sens, puis soudain elle se figea. Les pseudopodes se rétractèrent et la lumière rouge disparut.

Lorsqu’elle se ralluma, encore plus vive, le Requiem rouge fonça vers le Vaisseau-Matrice.

Sous la lune éclairant ce spectacle sinistre, l’Alliance des Trois vit l’imposant navire effectuer une manœuvre spectaculaire en tournant brusquement, une volée de carreaux d’arbalitres s’envola pour plonger vers le monstre. Les premières secondes, le Requiem ne sembla pas encaisser le moindre dommage, avant de subitement ralentir pour virer et prendre de la distance.

L’accalmie fut de courte durée. Le Requiem prit en chasse le Vaisseau-Matrice par l’arrière, il était si furieux que la lumière rouge était maintenant fixe, puissante comme sa détermination à détruire sa cible.

Les arbalitres firent feu à nouveau, depuis le château arrière, moins nombreuses, et moins précises. Le Requiem gagnait du terrain. Il y eut soudain des flammes dans le ciel, elles provenaient du Vaisseau-Matrice, et semblèrent freiner le prédateur, mais il revint à la charge.

Après plusieurs minutes, l’Alliance des Trois ne vit plus que les lueurs argentées du Vaisseau-Matrice, le carmin sous la frondaison et les jets flamboyants qui illuminaient le ciel par intermittence.

— S’ils se font détruire par notre faute, je ne me le pardonnerai jamais, déclara Ambre.

— Je crois qu’ils ont réussi à le faire reculer avec le feu, ils devraient s’en sortir, affirma Matt.

Au bout d’un moment, tout danger avait disparu, ils s’étaient éloignés et tout le monde retrouva un semblant de calme. Ils se relayèrent comme la veille pour piloter.

Le lendemain midi, Matt contemplait la mer Sèche depuis la proue de l’embarcation.

Combien de temps encore allaient-ils naviguer ?

Le cri d’Ambre le tira de ses réflexions, il se précipita à la poupe. Elle pointait du doigt la lumière rouge qui se rapprochait par le nord.

— C’est à nouveau le Requiem rouge, il nous a retrouvés ! s’écria-t-elle.

— Il faut absolument gagner de la vitesse ! s’affola Tobias. Jetez tout ce que vous pouvez par-dessus bord, et s’il y a assez de draps, essayez de les accrocher ensemble avec de la corde légère pour faire des voiles supplémentaires !

Ambre et Matt firent rapidement quelques allers-retours pour balancer les meubles inutiles : tabourets, tables, caisses vides… Puis ils se hâtèrent de rassembler les draps du bord pour les coudre avec le nécessaire de survie que Ambre transportait pour soigner les blessures.

— Voilà ! fit-elle après une heure de labeur. Ça ne résistera pas à une tempête mais c’est mieux que rien.

Ils firent monter leur voile improvisée à l’aide de cerfs-volants, sur le même modèle que ceux qui équipaient déjà le bateau et gagnèrent quelques mètres carrés de voilure.

Le Requiem était de plus en plus près, à moins d’un kilomètre désormais.

Lorsqu’il ne fut plus qu’à cinq cents mètres, une heure plus tard, et qu’il ne faisait plus aucun doute qu’il allait les rattraper, Matt avertit ses camarades :

— Mettez votre équipement, qu’on soit prêts à quitter le pont si nécessaire. Nous ne pourrons pas lutter contre lui, s’il attaque, il faudra s’enfuir par la Forêt Aveugle et espérer le semer dans la végétation.

Matt retrouva son gilet en Kevlar qu’il n’avait plus porté depuis presque une semaine, son épée, et son grand sac à dos. Ambre se précipita dans la cabine pour en revenir avec des provisions qu’elle enfourna dans leurs affaires, les gourdes pleines.

Le Requiem était maintenant à deux cents mètres et fonçait en soulevant un nuage de verdure.

Il devenait de plus en plus évident qu’aucune autre solution ne les sauverait. Matt hésitait. S’ils attendaient trop, le Requiem serait sur eux en un rien de temps, mais s’ils sautaient maintenant, la vitesse risquait de les blesser.

Il s’approcha du bord. Le feuillage était épais. Suffisamment pour amortir le choc.

— Vous êtes prêts ? interrogea-t-il.

Ambre et Tobias acquiescèrent mollement.

Matt enjamba le bastingage.

— Il faut sauter tous en même temps, sinon on va se perdre là-dessous ! avertit-il.

Tobias saisit son bras pour le retenir, une main tendue vers l’avant.

— Regardez ! s’écria-t-il d’une voix tremblante où la peur et l’espoir se mêlaient.

La mer Sèche s’interrompait d’un coup. À moins d’un kilomètre, le ciel semblait descendre sous la ligne d’horizon.

Cette vision leur redonna la force d’y croire. Ils se précipitèrent à la proue pour tenter d’apercevoir ce qu’il y avait au-delà, sans rien distinguer. Et si c’était le vide ? Matt supposa qu’ils resteraient à flotter dans les airs grâce aux ballons. Il suffirait alors de réduire le débit d’air chaud avec les molettes pour progressivement regagner le plancher des vaches.

Ils avaient une chance de s’en sortir !

Matt avisa la distance qui les séparait du Requiem.

Une bonne centaine de mètres. Combien de temps avant qu’ils ne soient à portée de tentacule ? Cinq minutes ?

Le bord de la mer Sèche se rapprochait.

Tout comme le Requiem rouge.

Et alors qu’ils franchissaient les derniers arbres, le panorama se dévoila : la forêt retombait en pente abrupte vers une immense plaine. En moins de cinq kilomètres, la Forêt Aveugle se transformait en lisière spectaculaire puis en bois modeste.

Le Requiem rouge fut sur eux.

Le bateau vola au-dessus du vide pendant qu’un tentacule énorme se dépliait pour venir les frapper. Matt aperçut les ventouses et comprit qu’ils allaient être aspirés en arrière. Le Requiem allait les couler pour les dévorer.

Mais le monstre, surpris par la fin soudaine de son environnement, enroula ses membres autour des derniers troncs et stoppa brutalement sa course folle. Le tentacule vint frapper l’embarcation avec une violence phénoménale, arrachant toute la cale, éventrant la frêle construction. Ambre, Tobias et Matt furent balayés par le choc. Tobias se cramponnait avec une telle énergie qu’il resta sur place mais Ambre et Matt s’envolèrent et allaient passer par-dessus bord lorsque Matt se rattrapa à la rambarde et put saisir Ambre par son sac à dos.

Le Requiem glissa en arrière, et sa masse spongieuse repartit dans les entrailles de son monde de ténèbres.

Mais le navire était amputé de tout son tiers inférieur. Les cages des Souffleurs avaient disparu, et un sifflement inquiétant monta de la coque endommagée.

Matt tira sur son bras qui soutenait Ambre pour parvenir à la hisser sur le pont et ils roulèrent sur le plancher. Elle avait les yeux exorbités, frappée de terreur. Elle s’était vue mourir.

Le bateau se mit à chuter.

Les cordages retenant les ballons se rompirent les uns après les autres, libérant l’air chaud au passage.

Tout le navire plongea et vint heurter la cime des arbres en contrebas. Les voiles continuaient de les entraîner et ils se mirent à dévaler la pente à toute vitesse, les faîtes des hauts sapins arrachant un peu plus de la coque à chaque choc. L’étrave se désagrégeait de seconde en seconde, ce qui restait du gouvernail fut arraché, l’écoutille du pont se souleva et s’envola, sectionnant au passage d’autres haubans qui retenaient les ballons et manquant décapiter Tobias.

Et puis le plancher se disloqua, les derniers ballons se dégagèrent et la dunette arrière où se tenait l’Alliance des Trois vint s’encastrer dans une butte en projetant ses occupants sur plusieurs mètres.

Un nuage de poussière dessina un champignon au-dessus de l’épave tandis que les voiles continuèrent de voler sans aucune charge au bout des cordages. Elles prirent de l’altitude et devinrent rapidement des points sur le ciel bleu.

Les trois adolescents étaient étendus, inconscients.

Au pied des contreforts sud de la Forêt Aveugle.

Sur les terres de Malronce.

Autre-monde 2 - Malronce
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